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8 mai 2023

Marta Zmysla, coordinatrice de la ligne d'appel d'urgence de JurFem (à droite) en entrevue avec des journalistes belges © JurFem

Alina*, une mère ukrainienne qui n’a pas pu fuir Mariupol avec sa famille, a enfin pu parler à ses enfants après de longs mois, grâce à la ligne d’assistance téléphonique de l’Association d’avocates ukrainiennes «JurFem», soutenue par Avocats sans frontières Canada (ASFC).

 

«C’est un grand succès pour la ligne d’assistance. Cette femme ne vit plus en Ukraine et, en raison de son handicap, ne peut que très difficilement se déplacer, par exemple, pour rejoindre ses enfants», explique Inna Stretovych, l’avocate d’Alina.

 

Alina a tenté à plusieurs reprises d’entrer en contact avec ses enfants avant que JurFem n’intervienne, sans succès. Son mari lui refusait.

 

Après avoir quitté Marioupol avec leurs enfants, laissant Alina derrière, cet homme a refait sa vie dans une autre ville ukrainienne. Selon lui, le handicap d’Alina l’empêche d’exercer ses fonctions parentales.

 

La mère de deux enfants se déplace en fauteuil roulant depuis de nombreuses années, bien avant le début du conflit, rendant quasi impossible sa fuite, alors que la guerre faisait rage dans les rues. Il s’agit d’une réalité vécue par 2,7 millions de personnes en Ukraine qui vivent avec un handicap et qui, chaque jour, sont confrontées aux nombreux défis générés par les affrontements.

 

Alina a éventuellement réussi à s’échapper de Marioupol et, depuis l’international, a appelé la ligne d’assistance JurFem, en désespoir de cause.

 

JurFem a pu garantir le droit de la mère à voir ses enfants, malgré que des milliers de kilomètres les séparent actuellement. Des appels ont eu lieu par le biais d’applications sécurisées telles que Viber et Telegram. Cette réunification, au moins virtuelle, aurait été impossible sans le travail exceptionnel d’Inna Stretovych, l’avocate dépêchée par l’Association.

 

La famille d’Alina n’est pas la seule à avoir été déchirée par l’invasion totale.

 

Selon les estimations des Nations Unies, 350 000 personnes ont été contraintes de quitter Mariupol depuis l’occupation russe. 90% des bâtiments résidentiels ont été endommagés ou détruits lors des combats.

 

Ce cas illustre parfaitement le fardeau porté par les femmes en temps de guerre et son impact sur leur vie quotidienne.

 

Il montre également comment le système judiciaire doit s’adapter pour prendre en compte les questions liées à la migration et au handicap, dans une perspective intersectionnelle, un principe au cœur de la collaboration entre JurFem et ASFC.

 

Les appels ont doublé en un an

 

Le nombre d’appels reçus par la ligne d’assistance téléphonique de JurFem a doublé depuis sa création.

 

«Cela illustre clairement les besoins plus importants des femmes en situation de vulnérabilité en temps de guerre», explique Marta Zmysla, coordinatrice du service d’assistance téléphonique de JurFem.

 

Il y a beaucoup de femmes comme Alina.

 

Chaque jour, l’organisation de la société civile ukrainienne tente de donner suite à environ cinq nouvelles demandes, qui sont reçues principalement de femmes victimes de violences basées sur le genre. JurFem confirme que certaines d’entre elles sont liées à des violences sexuelles liées au conflit.

 

ASFC soutient financièrement la ligne d’assistance depuis près d’un an. Il s’agissait d’un élément important de son projet «Impact du conflit armé sur les femmes et les filles», mis en œuvre avec le soutien financier du gouvernement du Québec.

 

Ce projet est maintenant terminé, mais ASFC n’a pas l’intention d’abandonner cette initiative essentielle.

 

Cet article a été rédigé sur la base d’informations fournies par l’Association d’avocates ukrainienne «JurFem», qui est possible de suivre sur LinkedInFacebook et Instagram.

 

*Pseudonyme utilisé pour garantir la sécurité.

 

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