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28 février 2024

Les femmes représentent 11% de la magistrature au Mali. Ce ratio passe à moins de 9% concernant l’avocature. Des statistiques accablantes, qui placent le pays au dernier rang, en comparaison de ses pays voisins, notamment le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso et, particulièrement, la Côte d’Ivoire. Ces constats sont révélés par une analyse comparée portant sur « Les difficultés liées à l’accès aux professions juridiques et judiciaires pour les jeunes juristes, notamment les femmes au Mali », commanditée par Avocats sans frontières Canada (ASFC).

 

Au moment de recueillir ces données, le Mali ne comptait que 84 femmes au sein des professions juridiques et judiciaires pour une population de plus de 20 millions de personnes.

 

Les avocates et les magistrates en activités se concentrent presque en totalité dans le district de Bamako. Elles sont complètement absentes des juridictions du Nord et du Centre du pays. Dans les autres régions, elles se comptent au compte-goutte. Une présence insuffisante, évocatrice d’une problématique plus large : l’insuffisance récurrente des avocat.e.s et magistrat.e.s au Mali.

 

Interrogé dans le cadre de l’étude, un magistrat en service au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme affirme que les institutions judiciaires maliennes souffrent d’un déficit de 1000 postes pour assurer le bon fonctionnement de la justice.

 

Des efforts considérables et louables ont été déployés les dernières années par le gouvernement de Transition pour augmenter le nombre de magistrat.e.s, sans toutefois que ne soient adressées les causes profondes qui freinent spécifiquement l’accès des femmes aux professions juridiques et judiciaires. De sorte que, des 200 auditeur.rice.s de justice recruté.e.s dans le cadre des concours organisés depuis 2022, seulement 12 sont des femmes (à peine 6%).

 

Une présence accrue de femmes dans les professions juridiques et judiciaires enrichit les processus décisionnels et permet de rendre des décisions mieux adaptées à des réalités sociales complexes, auxquelles le Mali ne fait pas exception.

 

Devant ces constats et tirant profit des expériences positives de certains pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), ASFC recommande au gouvernement malien de :

 

– mettre en place une politique nationale fixant des quotas d’accès des jeunes femmes aux fonctions d’avocates et de magistrates ;

– octroyer des bourses d’études pour le master aux jeunes femmes détentrices de licence en droit.

 

L’application de ces mesures, attestées ailleurs, permettrait, à terme, d’offrir une justice plus inclusive au Mali. Cela lancerait un message fort quant à la volonté des autorités de réaliser l’égalité entre les hommes et les femmes et, par le fait même, de se conformer à ses engagements internationaux en matière d’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.