Vicky Hernandez, une vie marquée par la violence et la discrimination
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6 novembre 2020
Par Floriane Basile
Conseillère juridique volontaire
Le récit de la vie de Vicky Hernandez est celui d’un destin habituel pour une femme trans au Honduras : marqué par la violence et la discrimination. Assassinée en pleine rue la première nuit du coup d’État de 2009, Vicky Hernandez est devenue, au fil des années, un cas emblématique dans la lutte contre l’impunité menée par le réseau lesbien féministe Cattrachas.
Le cas Vicky
Le 28 juin 2009 marque le début d’une crise étatique qui durera six mois et changera le pays durablement. Le coup d’État sera accompagné de l’imposition d’un couvre-feu. Le pays entre alors dans une phase sombre pour les droits humains.
L’impact de la crise a été sans retour pour les membres de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, trans et intersexelle (LGBTI). En six mois seulement, vingt-neuf personnes LGBTI ont été assassinées, dont quinze femmes trans.1 Vicky Hernandez est l’une d’entre elles. Atteinte d’une balle à la tête en pleine rue, les circonstances de sa mort rappellent une exécution extrajudiciaire, les forces de l’ordre étant les seules personnes autorisées à circuler dans la rue pendant le couvre-feu.
Neuf des quinze femmes trans assassinées pendant le coup d’État sont mortes de la même façon,2 Vicky étant la première. Ce contexte est particulièrement important, car il démontre l’exacerbation de la vulnérabilité de certains groupes de la société lors d’un conflit armé ou d’une crise étatique.
Discriminée de la naissance à la mort
Vicky militait pour le mouvement LGBTI à San Pedro Sula depuis nombre d’années. Elle faisait notamment partie du Colectivo TTT Color Rosa, une organisation locale oeuvrant pour la défense et la protection des femmes trans. Elle venait d’une famille ayant peu de ressources financières et jouait un rôle clé pour la survie économique de sa famille. Face au manque d’opportunités d’emploi pour les femmes trans au Honduras, Vicky s’est dédiée au travail sexuel; et c’est dans ces circonstances qu’elle a été contaminée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) quelques années avant son assassinat. Au moment des faits, plusieurs associations des droits humains avaient dénoncé le refus des médecins légistes de procéder à l’autopsie du corps de Vicky, supposant que celle-ci était séropositive.3
La discrimination systémique envers les femmes trans explique le quotidien, la mort et l’impunité qui règne autour de l’assassinat de Vicky.
Premiers pas devant le système interaméricain
Au niveau national, l’enquête sur l’assassinat de Vicky n’avançait pas, comme la majorité des crimes contre les membres de la communauté LGBTI au Honduras. En effet, plus de 90 % des assassinats de personnes LGBTI demeurent malheureusement impunis.5
Pour Indyra Mendoza, fondatrice de Cattrachas, les faits étaient trop révoltants et les preuves étaient là. Il n’y avait aucun doute, il fallait poursuivre le long chemin de la justice et vérité.
Le cas de Vicky est très attendu au niveau régional, car il représente une opportunité pour la Cour interaméricaine des droits de l’homme d’effectuer un développement précieux de sa jurisprudence concernant la violence qui affecte les femmes trans dans la région et les mesures à adopter par l’État pour ne pas que ces événements ne se reproduisent.
De la même auteure
Sur l’auteure
Floriane Basile est conseillère juridique volontaire au sein du réseau lesbien féministe Cattrachas dans le cadre du projet « Justice, gouvernance et lutte contre l’impunité au Honduras », appuyé par le gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
Références
1. Cattrachas. Informe sobre muertes violentas de mujeres transexuales, transgéneros y travestis 2009 Honduras. p.11
2. Ibid. p.6
3. CIPRODEH. Reporte de Violaciones a Derechos Humanos Después del Golpe de Estado Político-Militar del 28 de Junio de 2009. p.8.
4. CIDH. Violencia contra personas LGBT. p.15.
5. Oficina del Alto Comisionado de las Naciones Unidas. Resumen de las comunicaciones de las partes interesadas sobre Honduras. A/HRC/WG.6/36/HND/3. p.4.