Entre le 6 et le 9 juin 2023, Avocats sans frontières Canada a accueilli à son bureau au Canada une délégation malienne, dont des membres d’organisations partenaires. Cette dernière a rencontré, avec elle, la communauté juridique et la coopération internationale québécoises afin de partager leurs expériences en matière de défense des droits humains.
Foity Diarra, Issouf Diabaté et Fatoumata Bouaré, qui composaient la délégation, ont pu notamment échanger avec huit organisations de la société civile, dont plusieurs œuvrant au Sahel, des impacts, défis et solutions possibles face au rétrécissement de l’espace démocratique au Mali. Il s’agit d’un enjeu connu de l’Association des Juristes Maliennes et de l’Association Noyau dur pour la promotion de la justice transitionnelle au Mali, lesquelles étaient représentées.
Au Mali, la situation politique et démocratique s’est considérablement détériorée ces dernières années. Les deux coups d’État qui l’ont frappé en moins d’un an et la crise sécuritaire qui s’allonge ont profondément marqué l’environnement dans lequel la société civile évolue, ce dernier se faisant plus hostile. Des atteintes répétées à la liberté d’expression, à la liberté de la presse, au droit à l’information ainsi qu’au droit à liberté de réunion et d’association ont été comptabilisées par Avocats sans frontières Canada, qui travaille de près avec elle.
Le lien direct entre les sociétés civiles est au cœur sinon le cœur de la solidarité internationale, permettant d’œuvrer par, pour et avec les communautés locales.
La savoir québécois, utile au Mali
Selon la plus récente étude d’ASFC, moins de 400 avocat·e·s sont inscrit·e·s au Barreau du Mali. Il s’agit d’un nombre insuffisant pour répondre au besoin de justice d’une population de près de 22 millions d’habitants. Depuis 2016, aucun examen du Barreau ne s’y est tenu; des difficultés économiques sont évoquées. L’existence de barrières sociales constitue un obstacle à l’accès au métier pour les femmes. Ces dernières représentent moins de 11% du personnel de la magistrature.
Il s’agit d’un enjeu connu de l’École du Barreau, qui accueille aujourd’hui un nombre paritaire d’étudiants et d’étudiantes. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Elle a pu, de par son expérience, partager des leçons apprises concernant l’accès des jeunes, particulièrement des femmes, aux professions juridiques et judiciaires, qui pourront servir de plaidoyers au Mali.
Des échanges enrichissants avec les cliniques juridiques Juripop et Le Collectif juridique ont finalement soulevé les similarités et les différences caractérisant les champs d’interventions et les défis auxquels font face les organisations de défense des droits humains.
Les discussions ont permis d’entrevoir les possibles avenues pour continuer à améliorer l’accès à la justice, en abordant les enjeux de confiance envers le système de justice, de sécurité pour les victimes et de non-dénonciation des violences sexuelles.
Ce partage de bonnes pratiques est un élément central de la coopération internationale, lequel est exploité à son plein potentiel à travers la programmation malienne d’ASFC, rendu possible grâce au soutien financier d’Affaires mondiales Canada.
Avant de s’en retourner, la délégation a participé au programme international de formation sur les droits humains d’Equitas, se tenant du 11 au 30 juin 2023 à Montréal, durant lequel s’est développée leur capacité d’agir. Un pouvoir qui sera mis à profit dans les communautés auprès desquelles ses membres interviennent.