Pascal Paradis
Directeur général d’ASF Canada
Le 23 février 2020, je rentrais à Québec au terme d’une passionnante mission en Éthiopie, que vous pourrez découvrir ici. C’était la septième à l’étranger depuis la rentrée en septembre 2019, et d’autres étaient au calendrier jusqu’à l’été 2020, sans compter les déplacements réguliers à Montréal et Ottawa.
La pandémie a tout chamboulé. Je ne suis pas sorti de Québec depuis ce 23 février 2020. Un an aujourd’hui.
Pour le meilleur et pour le pire
Avocats sans frontières étant déjà une organisation bien «localisée», avec de formidables équipes et partenaires dans sept pays, le travail a pu se continuer grâce à l’engagement des actrices et acteurs «du terrain». Cette «localisation» va aller en s’amplifiant. Des nouvelles façons de faire ont été développées, notamment en misant sur les technologies de l’information. Comme plusieurs d’entre vous, nous nous sommes adaptés au télétravail à grande échelle. Notre empreinte environnementale est réduite, et certaines activités ne nécessiteront plus de déplacements maintenant que le mode virtuel fait partie de notre quotidien. Bref: nous passons à travers la tempête en demeurant sans frontières… malgré la fermeture des frontières.
Cependant, la solidarité n’atteint pas tous ses objectifs à travers un écran d’ordinateur, elle se nourrit de contacts humains. Les droits humains sont mis en œuvre par des êtres humains pour des êtres humains. Les relations de confiance nécessaires à notre travail s’établissent réellement au fil d’interactions non seulement professionnelles mais aussi personnelles et sociales qui vont bien au-delà d’une réunion virtuelle. Le partage des meilleures pratiques, des leçons apprises, des expériences et expertises – qui est essentiel au renforcement international des capacités à faire de la justice une réalité – atteint un autre niveau en personne. Bref: si elle peut être adaptée et même amplifiée en virtuel, notre mission de coopération internationale se réalise d’abord dans le réel. Être sans frontières dans le virtuel, c’est bien, être sans frontières tout court, c’est mieux!
Plus personnellement, j’accueille cette vie complètement différente avec sérénité. Une année à la maison, c’est un moment unique avec ma famille, une pause bienvenue des valises. La proximité avec les collègues, les partenaires et les bénéficiaires de nos programmes me manque évidemment. Nous allons nous revoir. Un jour ou l’autre, les voyages vont reprendre. Mais pas comme avant.