• Actualités

3 mai 2023

Des membres de la presse participent à une formation organisée par le Réseau des journalistes haïtiens pour la promotion des droits humains. © RJHPDH

Haïti connaît une intensification sans pareil des violences dirigées contre les journalistes, ce que redoute le Réseau des journalistes haïtiens pour la promotion des droits humains (RJHPDH), partenaire d’Avocats sans frontières Canada (ASFC).

 

Les cinq dernières années, 15 journalistes ont été tué·e·s, dont 9 en 2022 et 2 en avril 2023. Les enquêtes sur ces crimes se font rares et, en dépit des efforts considérables des organisations de la société civile, comme le RJHPDH, ils demeurent à majorité impunis.

 

Le RJHPDH dénonce ce climat d’impunité qui sape, selon eux, non seulement leur travail, mais les fondements même de la liberté de presse, en limitant leur capacité à amplifier la voix du peuple et à approfondir librement et en toute indépendance des sujets d’intérêt public.

 

«L’impunité qui règne dans le pays depuis plusieurs années alimente les violences contre les journalistes. Tant que l’État haïtien ne s’attaque pas à ce fléau, les dangers encourus par les membres des médias seront intensifiés», s’alarme le RJHPDH.

 

Depuis sa création en 2019, le Réseau a formé une cinquantaine de journalistes sur les techniques de reportage sur les violences basées sur le genre, le renforcement institutionnel, les droits des enfants et la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. ASFC a appuyé sa constitution à travers son projet «Accès à la justice et lutte contre l’impunité en Haïti», grâce au soutien financier d’Affaires mondiales Canada. Elle continue de l’appuyer dans ses activités.

 

Le comité fondateur du RJHPDH, issu des quatre coins d’Haïti, se réunit à Port-au-Prince. © RJHPDH

 

Un métier essentiel, aujourd’hui délétère

 

Outre les assassinats, en 2022, au moins 6 journalistes ont été victimes de tentatives d’assassinats. Une dizaine d’autres ont été victimes de voie de fait, de kidnapping, de menaces, de harcèlement et d’actes d’intimidation.

 

«Le constat alarmant de la situation des journalistes démontre clairement que la démocratie part en vrille en Haïti. Il est essentiel que des mesures urgentes soient prises pour renforcer l’État de droit et consolider les acquis», enchaîne le RJHPDH.

 

Les autorités haïtiennes ont l’obligation de garantir la liberté de la presse comme le prescrit la Constitution haïtienne de 1987 amendée. Les journalistes peuvent mener des enquêtes et contribuer à des changements importants dans le pays qu’en le faisant sans crainte de violence ou de représailles.

 

Le travail des journalistes a mis en lumière déjà des cas de corruption, d’abus de pouvoir et d’autres graves violations des droits humains.

 

Malgré la détérioration du contexte sécuritaire et de leurs conditions de travail, le RJHPDH poursuit sa mission avec passion et détermination. Dans l’idée de relever les principaux défis auxquels fait face le secteur de la presse, l’organisation entend contribuer encore davantage au renforcement des capacités de la presse haïtienne en menant de nouvelles séances de formations sur les thématiques liées aux droits humains.

 

Le RJHPDH renouvelle son engagement d’œuvrer pour une presse libre et responsable en Haïti. ASFC est prête à l’appuyer dans cette démarche.