Le 3 avril 1986, des femmes de diverses régions d’Haïti ont gagné les rues pour revendiquer leurs droits. Soudainement, le mouvement des femmes renaît après 30 ans de dictature. Quand les femmes exilées le rejoignent, il continue de s’étendre pour devenir un mouvement historique de revendication, de promotion et de défense de leurs droits.
«Cette date symbolique marque, pour nous les femmes haïtiennes, la fin d’une lutte acharnée contre la dictature, la lutte pour l’égalité en droits, la liberté de la parole, l’autonomisation et le droit d’association.»
Marie-Ange Noel, coordonnatrice d’une structure féministe basée dans le Sud-Est d’Haïti
Trente-cinq ans plus tard, le mouvement continue de grandir. Il est fort malgré l’impunité et les lacunes criantes au sein du système judiciaire. Il s’appuie sur une vision et des valeurs communes telles que la solidarité et l’unité.
Émergence de nouvelles structures organisationnelles, multiplication des actions de sensibilisation et de plaidoyers au niveau national et international, création du Ministère à la condition féminine (MCMDF) et aux droits de la femme: en 35 ans, on peut dire de ce mouvement qu’il a franchi des pas de géants.
Ce que documente Jasmine Laroche, ancienne conseillère juridique volontaire d’Avocats sans frontière Canada en Haïti: Le féminisme haïtien : portrait d’un mouvement fort.
Des acquis, oui, mais le contexte demeure difficile…
Depuis quelques années, Haïti fait face à une recrudescence de l’insécurité qui affecte particulièrement les femmes.
Malgré les multiples efforts de sensibilisations, les organisations féministes constatent une remontée des cas de viols et de féminicides. Pour elles, ces indicateurs se nourrissent du climat d’impunité généralisé.
Une situation que nous déplorons depuis plusieurs années: L’impunité des violences faites aux femmes et aux filles en Haïti.
L’absence d’espace de plaidoyer pour influencer les politiques publiques constitue également un obstacle bien réel auquel il faut remédier.
Plaidoyer pour un agenda féministe
«Pour faire face au défi, Mme Noel plaide en faveur d’un agenda féministe qui prend en compte et intègre des plaidoyers collectifs pour continuer à exiger une protection réelle des droits des femmes par l’État.
Nous devons continuer la lutte pour le renforcement du MCFDF, pour l’autonomisation des organisations à travers la mise en place d’une politique et d’un plan d’accompagnement de ces associations.»
Mme Noel
Cet agenda permettrait notamment de garantir l’indépendance de la justice pour un accompagnement effectif des femmes, de mieux appliquer les différents cadres normatifs et de renforcement des lois qui visent à mieux protéger les femmes.
Envie d’en apprendre davantage sur la lutte des femmes en Haïti? Découvrez le travail que mène la Solidarité des femmes haïtiennes (SOFA), une organisation partenaire d’Avocats sans frontières Canada dans le cadre du projet Accès à la justice et lutte contre l’impunité en Haïti (AJULIH), dans cette vidéo: Autonomisation des femmes par le droit.