Depuis le 16 janvier 2025, la zone transfrontalière du Catatumbo vit une situation d’urgence humanitaire qui a fait à ce jour plus de 80 morts et 11 000 personnes déplacées en raison des affrontements entre la guérilla de l’ELN et le 33e bloc des dissidents des FARC. Dans ce contexte, il est urgent de se souvenir du conflit armé, d’en reconnaître les causes, d’identifier les schémas de violence et de donner un espace à la voix des victimes pour qu’elle soit entendue.
Avocats sans frontières Canada (ASF Canada) a accompagné la « Rencontre internationale des victimes-survivantes du génocide : mémoire vivante et résistance » à La Pista, un village situé dans la région de Catatumbo dans le Norte de Santander ; pendant deux jours, des proches de victimes, des organisations sociales, des communautés autochtones et paysannes, des personnes défendant les droits de humains, des chercheurs et chercheuses, des universitaires et des avocat.e.s de Colombie et venus de différents pays du monde se sont réuni.e.s pour réfléchir à l’importance de la mémoire dans la recherche de la Vérité, de la Justice et de la Réparation. Cet événement de reconstruction de la mémoire s’est déroulé dans le cadre du projet Justice, genre et consolidation de la paix, mis en œuvre par ASF Canada et financé par le gouvernement canadien.
En 1999, La Pista, dans le district de La Gabarra, est devenue une ville fantôme en raison de la recrudescence de la violence dans la région du Catatumbo, tandis que des groupes paramilitaires tuaient aveuglément des civils dans les espaces publics, des centaines de personnes, en particulier des paysans et des autochtones, ont été déplacées et bannies d’un territoire qui continue aujourd’hui d’être une source de conflit entre les groupes armés pour le contrôle d’une route clé pour le transit de la drogue en Colombie.
Au cours de la réunion, l’accent a été mis sur le peuple Barí, une communauté autochtone qui a résisté à l’extermination depuis l’arrivée des Espagnols en Colombie au XVIe siècle et qui continue aujourd’hui d’être la cible d’affrontements entre groupes armés, ce qui se traduit par des assassinats sélectifs, des déplacements forcés, la perte de leurs territoires ancestraux et des ruptures dans leur culture et leur tissu social. Avec une histoire similaire à celle des Barí, les autochtones Mapuche du Chili ont également partagé leurs connaissances, les violations systématiques de leurs droits et les formes de résistance qu’ils ont trouvées pour obtenir justice et survivre aux « processus génocidaires ».
La mémoire collective est fondamentale pour comprendre comment une société construit son identité sur la base d’événements passés. Comprendre le conflit armé sous différents angles a permis à la communauté de La Pista de réfléchir à son histoire et aux leçons à tirer pour éviter que ces traumatismes ne se répètent.
Dans le cadre de la « Rencontre internationale des victimes-survivantes des processus génocidaires : mémoire vivante et résistance », dirigée par l’équipe juridique des peuples, différentes expositions artistiques ont été réalisées comme formes de réparation symbolique, cherchant à rendre visible la résistance des communautés paysannes et autochtones et à mettre en évidence la force de leurs processus d’organisation sur le territoire.
Avocats sans frontières Canada réitère son engagement et son soutien à la société civile colombienne dans ses efforts pour faire avancer la construction d’une culture de la paix.