Depuis au moins trois ans, les Haïtien·ne·s vivent dans la terreur dans diverses communes et villes contrôlées par des groupes armés.Des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leur maison. Les cas de meurtre, de viol, d’incendie, de pillage et d’exécution sommaire se multiplient impunément. Depuis le début du mois de décembre, deux massacres sont enregistrés : un à Port-au-Prince et un dans le bas Artibonite.
Avocats sans frontières Canada (ASF Canada) condamne ces actes criminels et somme l’État Haïtien à prendre les mesures nécessaires, appropriées et efficientes pour assurer la protection de la population.
ASF Canada rappelle que ces deux massacres, perpétrés les 6,7 et 10 décembre, à Cité Soleil et à Petite Rivière de l’Artibonite, ont eu lieu alors que les autorités haïtiennes renouvelait l’état d’urgence sécuritaire. L’État doit prendre des décisions importantes pour tenter de freiner la crise sécuritaire qui prévaut dans le pays.
Ces nouveaux massacres sont constitutifs de graves violations de droits humains et témoignent du mépris flagrant des bandes criminelles envers les droits de la population haïtienne. La perpétration à répétition d’actes de violence illustre les manquements de l’État à remplir ses obligations de protéger et de garantir les droits de la population contre les violations commises par des tiers, en particulier les groupes criminels.
En vertu du droit international, l’État haïtien est tenu de protéger tous les individus placés sous sa juridiction contre toutes les formes de violence et de garantir pleinement leurs droits à la vie, à la sécurité, à la liberté et à la protection judiciaire. Cela implique l’adoption par l’État de toutes les mesures appropriées pour protéger et préserver notamment le droit à la vie.
La Cour interaméricaine des droits de l’homme a rappelé à Haïti en 2023 que la situation d’un pays, aussi difficile soit-elle, ne le dispense pas de ses obligations en vertu de la Convention américaine relative aux droits de l’homme ( Cour IDH, Baptiste c. Haïti, 2023, § 67). Les manquements graves de l’État haïtien à protéger sa population et l’absence de poursuites sérieuses, impartiales et indépendantes contre les auteurs de ces massacres sont susceptibles d’engager sa responsabilité par devant les instances internationales de protection des droits humains.
Aussi Avocats sans frontières Canada demande-t-elle à l’État haïtien de respecter scrupuleusement ses obligations internationales en matière de droits humains, notamment celle de protéger la population haïtienne contre les actes de violence orchestrés armés criminels. Elle demande, en outre, à l’État de prendre toutes les mesures nécessaires et urgentes afin que les auteurs de ces massacres soient poursuivis, jugés et condamnés et que les victimes soient intégralement réparées.
Pour information: info.haiti@asfcanada.ca, 2940-6161