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29 juin 2022

Le 1er janvier 2019 : le village peul de Koulogon est attaqué, ses villageois tués, ses bâtiments détruits. Avocats sans frontières Canada, dans le cadre de sa contribution à la lutte contre l’impunité au Mali, a analysé la réponse judiciaire de l’État malien au massacre.

 

Accéder à l’analyse

 

Koulogon est situé dans la région de Mopti au centre du Mali, une zone débattue par des groupes armés extrémistes, les forces de défense et de sécurité maliennes et des milices auto-proclamées. Depuis 2015, les affrontements et les violences se sont intensifiés dans la région pour connaître un pic quatre ans plus tard. Au tournant de 2019, le 1er janvier, une centaine d’hommes armés ont pénétré dans le village de Koulogon, prenant pour cible les personnes d’ethnie peulh. Dans ce massacre, 39 personnes perdent la vie. Parmi les victimes, des enfants. La presque totalité du village est pillée et incendiée. Des crimes innommables, qui annoncent malheureusement une série d’autres massacres dans les mois suivants, dont le tristement connu massacre d’Ogossagou, perpétré en mars 2019.

 

« Tous ceux qui étaient à la mosquée ont été tués devant moi. Ils ont coupé les parties génitales de certains. J’ai décidé de fuir. J’ai pris mes enfants, caché mon mari sous un hijab et on a fui. Je demande aux Maliens d’avoir pitié de nous. Nous avons faim, soif, les enfants ne vont plus à l’école. »

 

Témoignage d’une victime lors d’une audience publique de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation

 

Un peu plus de deux ans après les faits, le 30 juin 2021, la justice malienne a rendu une décision sans précédent pour la lutte contre l’impunité au Mali en condamnant 8 des auteurs du massacre de Koulogon.

 

L’attaque de Koulogon est l’un des rares cas au Mali qui a fait à la fois l’objet d’un traitement par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) et d’une judiciarisation effective.

 

Avocats sans frontières Canada, grâce au soutien financier d’Affaires mondiales Canada, a été un témoin privilégié de la réponse globale des différents mécanismes de justice transitionnelle et classiques à l’attaque de Koulogon-Peulh. Au travers de son appui à ses partenaires locaux, elle a facilité à la fois la participation des victimes aux audiences publiques de la CVJR et le dépôt de leurs plaintes devant le Tribunal de grande instance de Mopti.

 

L’analyse qu’elle fait du cas rend compte des limites de la décision – et des avancées en matière de justice transitionnelle au Mali -, notamment dans sa mise en œuvre, qui peut servir d’exemple pour les cas toujours pendants de la justice et favoriser la réduction de l’impunité.

 

Un premier constat est que les condamnés demeurent en liberté à ce jour.

 

Dans la foulée de cette analyse, Avocats sans frontières Canada demande à ce qu’un mandat d’arrêt soit émis contre les auteurs, qu’on procède à leur incarcération et que soit mis en place un mécanisme propre à indemniser les victimes.