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30 mars 2021

À la suite des événements survenus au Cameroun depuis les manifestations du 22 septembre 2020, ASFC souhaite faire part de sa vive préoccupation face aux entraves au droit des avocat.es camerounais.es d’exercer librement leur profession. Ces entraves, amplement documentées, sont à leur face même incompatibles avec les Principes de base relatifs au rôle du barreau adoptés par les Nations Unies en 1990.

 

Nous sommes particulièrement troublés par les informations selon lesquelles, dans les derniers mois, des gendarmes et policiers auraient utilisé du gaz lacrymogène dans une salle d’audience du Tribunal de première instance de Douala – Bonanjo et auraient pris à partie des avocats, qu’ils auraient tenté de faire sortir du tribunal où ils étaient venus manifester leur solidarité envers deux collègues accusés -à tort selon eux- d’outrage à magistrat, tentative de corruption et escroquerie.

 

Des témoins rapportent aussi que quelques jours plus tôt, le 28 octobre 2020, l’avocat Owono Mbarga Cosmas aurait été agressé dans l’exercice de ses fonctions, et aurait vu ses dossiers saisis. Dans un autre incident, l’avocat Menkem Sother se serait fait confisquer ses notes par un gendarme après une rencontre avec son client.

 

Ce sont ces incidents qui ont incité la bâtonnière par intérim, Me Atangana Bikouna Claire, à annoncer par communiqué la suspension du port de la robe et des interventions d’avocats devant des tribunaux, du 30 novembre au 4 décembre.

 

Ces incidents font écho à d’autres évènements rapportés au cours des mois précédents par la Fédération internationale pour les droits humains et Human Rights Watch, laissant penser que les avocat.es camerounais.es font l’objet d’une intimidation de plus en plus ouverte et fréquente de la part des autorités camerounaises. Le Conseil de l’Ordre du Barreau camerounais dressait le même constat dans une lettre du 31 août 2019.

 

Nous insistons sur le fait qu’un avocat ne peut pas être sanctionné pour le simple fait qu’il a exercé ses devoirs. Le fait que plusieurs avocats arrêtés aient été inculpés sous des chefs de complicité de terrorisme semble indiquer qu’on les associe à la cause perçue de leurs clients, ou encore qu’on estime qu’ils se livrent à des activités politiques.

 

ASFC, endossée par le Barreau du Québec, invite respectueusement les autorités camerounaises à reconnaître, soutenir et protéger pleinement le rôle vital joué par les avocats dans l’édification d’une société démocratique régie par la règle de droit.

 

Pour consulter la lettre transmise à Son Excellence M. Laurent ESSO, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux du Cameroun:

 

 

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