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1 juin 2020

Aliénor Évreux

Conseillère juridique volontaire

 

La coopération volontaire est une expérience qui ne s’arrête pas le vendredi, une fois la porte du bureau refermée. Mon premier article sur le sujet Voyage au coeur de mon mandat de coopération volontaire entame la genèse de mon périple à Tegucigalpa, capitale du Honduras (si vous ne l’avez toujours pas lu, je vous invite à le faire).

 

Le Honduras n’est pas ce pays décrit parfois de manière peu nuancée comme l’un des plus pauvres et dangereux au monde. Il n’est pas que cela. Une fois qu’on a dépassé ces préjugés, nous nous retrouvons devant un pays exceptionnel qui ne nous a pas attendus pour être un bout de paradis. Durant mes fins de semaine, j’ai eu la chance de découvrir le lac de Yojoa, Amapala, Roatán, Tela, La Esperanza, ou encore Copán et ses ruines mayas. Ici, l’air frais est à portée de main, non sans sécurité et précaution certes, mais découvrir la culture de ce pays, notamment lors de la ruta lenca, fut l’une de mes plus belles expériences (non professionnelle) de ces neuf mois.

 

Une expérience collective

 

La coopération internationale est avant tout une expérience collective et il aurait été difficile d’effectuer seule mon mandat au Honduras.

 

S’appuyer sur d’autres aide à être convaincus que nous sommes au bon endroit au bon moment. La mission de coopération volontaire, je la décrirais pour ma part avant tout comme une expérience collective. Nous sommes plusieurs personnes, aux horizons plus ou moins différents, qui se retrouvent dans un même pays, au cœur d’un même projet et avec un agenda qui varie selon notre mission. Durant mon mandat, nous étions quatre.

 

Gustavo, la force tranquille indispensable du bureau d’ASF Canada pour toutes questions juridiques, est en passe d’être déclaré le « boss des amicus » à force d’en avoir rédigé. Maria, la coopérante en suivi et évaluation pleine de vie est quant à elle en phase d’adoption longue durée par le bureau d’ASF Canada tant sa méthode et sa communication sont appréciées. Et Floriane… La douceur incarnée, si précieuse à la Red Lésbica Cattrachas en tant que conseillère juridique volontaire. À ces trois lurons, mais aussi à Ariane, je dis merci. Merci aussi à Lucas et à sa confiance sans qui je n’aurais pu vivre une telle expérience.

 

Une expérience impossible sans la magie d’une rencontre pas comme les autres

 

Plus on s’approche de la fin de cet article, plus j’ai envie de parler du cœur de ma mission ; de ceux à qui je dois mes neuf mois. Je veux parler de l’alliance de deux avocats hors pair qui donnera par la suite lieu à la création de l’Equipo Jurídico por los Derechos Humanos (EJDH).

 

Claudia Herrmannsdörfer, tout d’abord. Il s’agit de l’avocate pénaliste et coordinatrice de l’EJDH, et je vous jure qu’il suffit de passer quelques jours avec elle pour se rendre compte que ce n’est pas une avocate comme les autres. J’ai compté, et j’ai passé près de 200 jours à ses côtés. Et quelle chance fut la mienne ! Avec elle, la victime prime. Que cela soit à travers ses engagements avec CDM (Centro de Mujeres), Somos Muchas, l’EJDH et ASFC, son dévouement sans faille au service des droits humains est inspirant, n’a pas d’horaires et illustre l’investissement d’une vie.

 

Et puis il y a Joaquín Mejía, cet avocat constitutionaliste et universitaire très actif devenu le coordinateur adjoint de l’EJDH et membre actif de l’ERIC (Equipo de Reflexión, Investigación y Comunicación). Il connaissait Claudia de nom sans avoir réellement travaillé à ses côtés avant cela. Pourtant une idée les unissait : le féminisme. Joaquín est aujourd’hui le premier avocat féministe du Honduras. Sa démarche est nouvelle, il se questionne en permanence et tente d’atténuer le rôle d’homme que la société patriarcale voudrait pour lui. C’est donc sans difficulté que je peux vous dire que travailler aux côtés de ce défenseur des droits humains est un enrichissement sans frontière.

 

À eux deux, ils ont créé le 15 février 2019 l’EJDH et, malgré la jeunesse du cabinet, ses perspectives sont plus qu’intéressantes. Leur activité se concentre sur quatre axes principaux : les violences faites aux femmes, les droits sexuels et reproductifs, les droits des personnes LGTTBI, les droits des peuples indigènes et afro-descendants, ainsi que tous les cas emblématiques considérés de manière extraordinaire comme correspondant à une violation grave des droits humains et à une impunité. Entre les potentielles futures audiences à la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme, les cas emblématiques de droits humains au niveau national, et toutes les actions que ces deux défenseur.e.s mènent au quotidien, il est évident qu’à travers l’image de l’EJDH, émerge un nouvel acteur primordial pour la mise en œuvre des droits humains au Honduras.

 

Un cabinet aux allures de famille

 

Et voilà notre photo de famille ! Je viens de vous présenter les deux fondateurs de l’EJDH mais voici maintenant ceux qui complètent cette équipe de défenseurs des droits humains convaincus : Catherine et Cristobal.

 

Catherine Pineda Eris est la troisième avocate du cabinet nous ayant rejointe il y a maintenant six mois, mais qui semble avoir toujours été là. Ses diverses expériences dans le monde académique et judiciaire font d’elle un atout précieux pour le cabinet. Cristobal Chavez est quant à lui l’administrateur du cabinet, ce pilier sans qui l’EJDH ne tiendrait pas debout.

 

Tous ensemble, ils forment une équipe unie, solidaire et unique en son genre tant sa proactivité et le caractère remarquable et au combien nécessaire de son action n’est plus à démontrer. J’espère les revoir très bientôt, mais en attendant, je vous le dis, les droits humains sont entre de bonnes mains.

 

Sur l’auteure

 

Aliénor Évreux est conseillère juridique volontaire au Honduras au sein du projet Gouvernance, justice et lutte contre l’impunité au Honduras, avec le soutien financier d’Affaires mondiales Canada.