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8 février 2022

Grâce à l’accompagnement d’Avocats sans frontières Canada et de ses partenaires du PNUD et de l’UNICEF, les jeunes déplacé-e-s internes, présent-e-s sur les sites de Niamana, du Centre Mabilé, de Senou, Faladiè, Mountougoula et Guana, revendiquent aujourd’hui la place qui leur revient dans le processus de justice transitionnelle.

 

Depuis la crise politico-sécuritaire de 2012, le Mali fait face à une forte insécurité principalement dans le nord et au centre. Cette crise sécuritaire amplifiée par la présence de groupes armés extrémistes a poussé bon nombre d’habitant-e-s à se déplacer vers les régions du sud du pays et du district de Bamako pour fuir les violences.

 

Entre janvier et mai 2021, la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) dénombrait 386 000 personnes déplacées internes des régions de Mopti, Gao, Tombouctou, Ségou et Ménaka. Ces personnes qui sont composées majoritairement de femmes (55%) et d’enfants (63% ont moins de 18 ans) se retrouvent dans des situations de précarité extrême.

 

À Bamako, les personnes déplacées internes sont réparties principalement entre quatre sites. Sans ressources, elles vivent au jour le jour de petits travaux journaliers ou de mendicité. La scolarité des enfants, l’accès aux services sociaux de base et aux besoins de première nécessité sont largement compromis. Cette situation de vulnérabilité est exacerbée par la promiscuité qui favorise la propagation du COVID-19.

 

Des ateliers pour que les jeunes déplacé-e-s internes se sentent concernées

 

Des personnes déplacées libèrent leur parole à travers le slam et le dessin.

 

Avocats sans frontières Canada croit fermement qu’il est possible pour le Mali de se réconcilier avec son passé et de construire une société capable de prévenir la répétition des violences. D’où sa contribution à la sensibilisation et à la formation des jeunes déplacé-e-s internes (âgés de 15 à 30 ans) sur les droits humains et le processus de justice transitionnelle au Mali. Une programmation qui permettra à ces jeunes femmes, hommes et adolescent-e-s de faire entendre leur voix, laquelle était jusqu’à présent quasi inexistante.

 

Au total, 300 jeunes femmes et hommes de Tombouctou, Gao et Bamako ont contribué à la réalisation d’une étude sur la participation des jeunes au processus de justice transitionnelle. Cette étude servira d’outils de plaidoyer auprès des décideurs pour une meilleure prise en compte de leurs besoins et de leurs attentes afin de faciliter leur participation active au processus de justice transitionnelle, notamment au sein des futurs mécanismes dont l’Agence chargée d’administrer les réparations et le Centre pour la mémoire, l’unité et la paix qui verront bientôt le jour.

 

Des ateliers ont permis aux jeunes des sites de déplacés de libérer leur parole à travers le dessin, la poésie et le slam sur les thématiques de paix, de réconciliation, de cohésion sociale et de raconter les violations qu’ils et elles ont vécu-e-s et qui les ont amené.e.s à se déplacer pour survivre.

 

«Aujourd’hui, j’ai compris que cette justice transitionnelle me concerne, concerne la jeunesse, et que j’ai mon mot à dire là-dessus. Désormais, au sortir de cette rencontre, nous allons tout mettre en œuvre pour accompagner le processus de justice transitionnelle ; pourquoi pas en être les acteurs forts.»

 

Un jeune homme victime du conflit du cercle de Goundam lors d’un atelier de sensibilisation en juillet 2021

 

Grâce à cet accompagnement, 1600 jeunes victimes ont été sensibilisées sur le processus de justice transitionnelle; 226 ont fait leurs dépositions auprès de la CVJR.

 

Unies pour faire entendre la voix de ceux qui n’en ont pas

 

Un groupe de personnes déplacées présentes aux camps de Bamako est sensibilisé aux mécanismes de justice transitionnelle.

 

L’accompagnement des jeunes personnes déplacées internes se fait à travers trois associations de la société civile malienne: le Réseau de Jeunes pour une Justice Transitionnelle Inclusive au Mali (R2JTIM) à Tombouctou, la Tribune Jeunes pour le Droit au Mali (TRIJEUD) à Gao et l’Association Noyau Dur (AND-Mali) à Bamako. Depuis 2020, ces associations travaillent avec Avocats sans frontières Canada, l’UNICEF et le PNUD dans le cadre du projet «Les jeunes engagés pour une paix durable : Appui à la participation des jeunes aux processus de réconciliation au Mali» (PROPAJER).