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14 avril 2020

Les 26 et 27 février 2020, le Secrétaire exécutif de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) de Gambie, le Dr Baba Jallow, s’est rendu au Mali à l’invitation d’Avocats sans frontières Canada afin d’échanger avec les représentants de la Commission Vérité, Justice, Réconciliation (CVJR) malienne.

 

L’objectif de la rencontre était de partager les bonnes pratiques issues de l’expérience de ces deux mécanismes de justice transitionnelle d’Afrique de l’Ouest  et de renforcer les liens entre celles-ci.

 

«L’échange d’expériences à travers la compréhension mutuelle des différents contextes est une des clefs de la réussite des processus de transition via les mécanismes de recherche de la vérité et de promotion des droits des victimes.»

 

Aristide Nononsi, chef de mission d’ASF Canada au Mali

 

Échelonnée sur deux jours, la rencontre a permis un échange fructueux et inspirant entre les membres de la CVJR et le Dr Jallow. Les différences entre les mandats des deux commissions et les stratégies mises en place ont suscité de la curiosité de part et d’autre et ont donné lieu à des discussions animées. Les participant.e.s se sont montré.e.s mutuellement impressionné.e.s par le travail accompli jusqu’à maintenant par l’une et l’autre des commissions.

«Nos deux commissions évoluent dans des contextes différents, mais ont toutes deux comme mission de rechercher la vérité sur les violations graves des droits de l’Homme. Au Mali, il fallait d’abord documenter les violations avant que les audiences publiques soient acceptées par la population alors qu’on voit qu’en Gambie, ils se sont servis des audiences publiques pour documenter les violations.»

 

Ousmane Oumarou Sidibé, Président de la CVJR

 

 

Rencontre entre la TRRC et la CVJR Mali avec la venue du Dr Baba Jallow à Bamako

 

Créée en 2014, la CVJR a pour mission de «contribuer à l’instauration d’une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation, la consolidation de l’unité nationale et des valeurs démocratiques». Son mandat est large, tant géographiquement que temporellement, puisqu’il couvre les violations graves de droits humains de 1960 à aujourd’hui. La CVJR a tenu sa première audience publique, qui a porté sur les atteintes au droit à la liberté, le 8 décembre 2019. Elle a par ailleurs déjà exposé sa proposition de politique nationale de réparations au gouvernement malien en mars dernier et continue de référer aux structures de santé les victimes qui ont un besoin urgent d’accompagnement psychologique ou médical.

 

La TRRC, quant à elle, a été créée en  2017. Elle a le mandat d’enquêter sur les violations de droits humains commises sous le régime autoritaire de Yahya Jammeh, qui a présidé la Gambie de 1994 à 2007, de promouvoir la réconciliation et la non-répétition des violations, et d’octroyer réparation aux victimes. Elle a commencé à tenir des audiences publiques en janvier 2019 et en est actuellement à sa 12e session. La TRRC a depuis développé et adopté en son sein une politique de réparations pour les victimes dans un besoin urgent, mais continue de travailler sur l’adoption d’une politique générale de réparations.

 

Cette rencontre d’échanges, la toute première, entre le Dr Jallow et les membres de la CVJR a principalement porté sur les processus respectifs de réparations ainsi que sur les audiences publiques, et plus particulièrement sur la participation des femmes à celles-ci, et leur ont permis d’aborder la question des moyens de protection des victimes et des témoins.

 

«C’était fascinant de constater que malgré des contextes très différents, les deux commissions s’inspirent l’une de l’autre pour promouvoir le respect des droits humains, la protection des victimes et la participation des femmes.»

 

Valérie Bergeron Boutin, coopérante volontaire pour le projet « Stabilisation du Mali grâce à la CVJR » d’ASF Canada

 

À l’issue de la rencontre, le Dr Jallow et les membres de la CVJR ont manifesté leur intérêt de continuer à échanger sur les standards respectifs mis en place pour promouvoir les droits des victimes. Un intérêt prometteur pour l’avenir des droits humains en Afrique de l’Ouest.