Bogotá, Colombie, le 24 avril 2025 – Aujourd’hui, la protection des droits humains fait face à des défis majeurs, dans un contexte marqué par la montée de discours remettant en question les avancées normatives ainsi que les institutions de justice nationales et internationales. Cette tendance affaiblit l’état de droit et crée des conditions propices à la concentration du pouvoir et au recours à la violence, notamment contre les populations les plus vulnérables.
Face à ce constat, des efforts collectifs, coordonnés et soutenus sont nécessaires pour préserver le mandat et l’efficacité de la justice pénale internationale. L’action de la Cour pénale internationale (CPI) exerce une influence significative sur les juridictions nationales dans le traitement de la violence de masse. Ce n’est qu’à travers une collaboration étroite entre les différentes parties prenantes — institutions nationales et internationales, société civile, milieux universitaires et victimes — que l’on peut garantir l’accès à la justice et la reddition de comptes pour les crimes les plus graves définis dans le Statut de Rome : le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
Coopération entre la CPI et les États
La CPI, première juridiction pénale permanente ayant compétence pour juger les responsables des crimes les plus graves menaçant la communauté internationale, a besoin de la collaboration active des États, en particulier de leurs systèmes judiciaires, pour remplir son mandat. Cette coopération, fondée sur les principes de complémentarité, de partenariat et de vigilance, renforce la capacité globale de lutte contre l’impunité et permet de faire progresser un système de justice internationale plus agile, fiable et proche des victimes.
Articulation avec les processus de justice transitionnelle nationaux
Une justice pénale internationale efficace constitue un pilier essentiel des processus de justice transitionnelle, en particulier dans les contextes de post-conflit ou de violence structurelle. L’interaction entre les juridictions internationales et nationales — telles que la Juridiction spéciale pour la paix en Colombie — permet une meilleure coordination opérationnelle, un partage de bonnes pratiques et une définition plus pertinente des priorités en matière d’enquêtes.
Ainsi, la justice transitionnelle bénéficie du soutien, du suivi et de la légitimité qu’offrent les mécanismes internationaux. Cette synergie est indispensable pour garantir aux victimes leur droit à la vérité, à la justice, à la réparation et aux garanties de non-répétition.
Le rôle de la société civile
Les organisations de la société civile jouent un rôle fondamental dans ce processus. Grâce à leur proximité avec les victimes et les communautés affectées, elles enrichissent le suivi des avancées et des défis au niveau national, fournissent des informations clés pour orienter les décisions et renforcent les liens entre les systèmes de justice et les populations historiquement marginalisées.
Elles contribuent aussi à promouvoir l’accès à la justice et à mettre en lumière les lacunes des réponses institutionnelles, agissant ainsi comme des acteurs incontournables pour une justice plus inclusive, transparente et transformatrice.
Un engagement commun
Rapprocher la justice des réalités des victimes et assurer une interaction efficace entre la justice pénale internationale et les processus judiciaires nationaux nécessite un véritable effort d’unité dans la diversité. Seule une collaboration fondée sur la reconnaissance mutuelle et un engagement partagé permettra de bâtir un système global capable de prévenir la répétition des atrocités et de restaurer la dignité de celles et ceux qui ont subi de graves violations des droits humains.
Appel à l’action
Depuis le forum international « Expériences comparées en justice transitionnelle », la justice pénale internationale appelle les institutions internationales et nationales, les organisations de la société civile, les victimes, les défenseur·e·s des droits humains, les universitaires, les chercheur·e·s et les professionnel·le·s engagé·e·s en faveur de la justice à appuyer cette initiative de travail collectif, à se joindre à la conversation collective et à participer aux actions concertées dans cet espace de dialogue.
Avocats sans frontières Canada réaffirme son engagement envers le renforcement d’un réseau de justice internationale, en phase avec les initiatives du Bureau du Procureur de la CPI, qui favorise le dialogue, la coopération et la coordination entre les acteurs clés pour faire face aux atrocités.
Nous croyons fermement qu’une justice pénale internationale solide est indissociable des processus de justice transitionnelle qui visent la vérité, la réparation et la non-répétition. Ce n’est qu’en unissant nos voix, nos mémoires et nos volontés que nous pourrons tisser un réseau de justice véritablement transformateur, qui honore les victimes et défend avec force les valeurs fondamentales de l’humanité.
Bogota, Colombie, 24 avril 2025