• Communiqués de presse

6 mai 2024

Guatemala, Mexico, Genève, Johannesburg, San José, Washington DC – 6 mai 2024.

 

Le deuxième procès contre l’ancienne chef du Bureau du Procureur Spécial contre l’Impunité (FECI) à Quetzaltenango, Lilian Virginia Laparra Rivas, s’ouvrira le lundi 6 mai. Le ministère public (MP) et les plaignants dans cette affaire l’accusent d’avoir révélé des informations confidentielles lorsqu’elle était encore à la tête de la FECI. Il s’agit du deuxième procès auquel elle est confrontée en moins de 18 mois. Les organisations soussignées condamnent la poursuite du harcèlement pénal à l’encontre de l’ancienne procureure en représailles à son travail de lutte contre la corruption. Nous exigeons que les garanties d’une procédure régulière soient respectées dans ce procès que nous observerons.

 

Virginia Laparra est une ancienne procureure exemplaire et docteur en droit qui fait l’objet de deux poursuites pénales infondées en raison de son travail de procureure, ayant défendu la justice et dénoncé la corruption. En novembre 2022, elle a été déclarée prisonnière d’opinion par Amnesty International. Son travail en tant que procureure a été largement reconnu, notamment par l’attribution du prix d’excellence du président du Guatemala Bernardo Arévalo en mars 2024, du prix Quetzal pour la démocratie et les droits de l’homme et de la médaille Ixoqib ‘Tz’i – Femmes de justice.

 

Le 16 décembre 2022, à l’issue d’un premier procès pénal entaché de plusieurs irrégularités et qui n’a pas garanti ses droits, un tribunal de la ville de Guatemala a condamné Virginia Laparra à quatre ans de prison pour abus de pouvoir. La sentence n’est pas encore définitive. L’ancienne procureure a donc passé près de deux ans en prison jusqu’à ce qu’elle soit assignée à résidence le 3 janvier 2024. Sa détention a été déclarée arbitraire par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. Plusieurs autres experts de l’ONU et de l’OEA ont également dénoncé la nature politique des poursuites pénales et les violations des droits de l’homme commises à son encontre.

 

Dans ce nouveau procès, elle risque d’être condamnée à 5 et jusqu’à 8 ans de prison. Malheureusement, au début du procès, des actions arbitraires, des retards injustifiés et des violations de ses droits à la défense et à un procès équitable ont déjà été observés.

 

Ces deux affaires, qui découlent de plaintes déposées par un juge de Quetzaltenango entre 2018 et 2019 contre lequel l’ancienne procureure Laparra avait engagé des poursuites pour des allégations de corruption, sont des exemples clairs de la manipulation du système judiciaire pour garantir l’impunité des responsables dans des affaires de corruption à grande échelle.

 

Les organisations soussignées condamnent la poursuite du harcèlement pénal à l’encontre de l’ancienne procureure en représailles à son travail de lutte contre la corruption. Nous exigeons que les garanties d’une procédure régulière soient respectées dans ce procès que nous observerons.

 

Nous demandons instamment au ministère public et au pouvoir judiciaire de garantir le droit de Virginia Laparra à un procès équitable devant un tribunal indépendant et impartial, avec toutes les garanties d’une procédure régulière, y compris une audience publique, conformément aux normes internationales en matière de droits humains.

 

Enfin, nous demandons instamment au ministère public et au pouvoir judiciaire de mettre fin à la criminalisation des opérateurs de la justice, des défenseurs des droits humains, des communautés autochtones et des journalistes uniquement pour leur lutte contre la corruption et l’impunité au Guatemala.

 

Contact media: Sandrine Muir-Bouchard

Sandrine.muir-bouchard@asfcanada.ca

 

Organisations signataires

 

Avocats sans frontières Canada

Amnistie Internationale

CIVICUS, Alliance mondiale de la société civile

Bureau de Washington sur l’Amérique latine (WOLA)

Plateforme internationale contre l’impunité

Robert F. Kennedy Human Rights

Centre pour la justice et le droit international (CEJIL)

Fondation pour le droit à un procès équitable (DPLF)

Be Just

Groupe de travail pour l’Amérique latine (LAWG)

Bureau de Protection Internationale en Méso-Amérique

Programme ACTuando Juntas Jotay

American Jewish World Service

Impunity Watch

Commission des droits de l’homme du Guatemala (GHRC)

Service international pour les droits de l’homme (ISHR)

 

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