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19 avril 2021

Né au Sri Lanka, Roy a été persécuté depuis son enfance en raison de ses origines tamoules. En 1990, il est arrivé au Canada en tant que réfugié et a par la suite obtenu sa citoyenneté canadienne.

 

En 2005, Roy a profité d’une accalmie dans la guerre civile pour retourner au Sri Lanka afin d’épouser celle qui est aujourd’hui sa femme. Deux années plus tard, des hommes armés sont entrés dans sa maison au milieu de la nuit et l’ont arrêté après qu’il ait été incapable de payer la rançon qu’ils exigeaient de lui. Roy est resté en détention pendant trois années au cours desquelles il a subi plusieurs formes de torture et n’a eu aucun accès à un avocat. Il a finalement été relâché en août 2010 et est retourné au Canada.

 

Avec le soutien du CCJI, Roy a déposé une plainte au Comité des droits de l’Homme en 2013, accusant le Sri Lanka d’avoir violé plusieurs de ses droits, incluant son droit de ne pas être soumis à de la torture. En novembre 2016, le Comité a conclu que le Sri Lanka avait violé ses droits et a déclaré que le gouvernement avait l’obligation de prendre les mesures nécessaires afin de remédier à ces violations.

 

Il se confie aujourd’hui à nous.

 

Où trouvez-vous la force de raconter votre histoire?

 

Il y a de nombreuses victimes ici au Canada. Au sein de ma communauté, les gens dénoncent rarement ces crimes en raison des tabous qui y sont associés. Ils ont aussi souvent peur des représailles, particulièrement s’ils ont encore de la famille au pays. Pour moi, c’était une décision très risquée de prendre la parole, mais en bout de ligne, j’ai eu gain de cause. La décision du Comité des droits de l’Homme est encourageante. C’est encore difficile pour moi de parler de ce qui s’est passé, mais il m’est important de partager mon histoire afin que d’autres puissent aussi parler de ce qu’ils ont vécu. Si personne ne dénonce, alors personne ne sera tenu responsable pour ces crimes.

 

Qu’est-ce que la justice signifie pour vous?

 

La justice est importante parce que la vérité doit prévaloir et les responsables de ces actes doivent être punis. Il ne peut pas y avoir de compromis à ce niveau. La torture a été normalisée au Sri Lanka. De tels actes sont répandus et ça ne s’arrêtera seulement que lorsque les malfaiteurs seront punis. À ce moment-là, ces crimes ne seront plus perçus comme la norme. La décision du Comité des droits de l’Homme dans mon dossier a été très encourageante, mais je souhaiterais qu’on aille au bout des choses. Si les responsables ne sont pas inculpés et poursuivis, ça démontre au Comité et à la communauté internationale que les individus peuvent continuer à violer les droits d’autrui en toute impunité.

 

Parlez-vous à vos enfants de ce qui vous est arrivé et pourquoi vous demandez justice?

 

Oui, après un certain âge, ils ont commencé à me poser des questions après avoir vu mon nom en ligne. Je leur ai expliqué pourquoi il est important de demander justice et en quoi consiste ce processus. En quelque sorte, je réclame justice non pas seulement en mon nom, mais aussi pour mes trois enfants. Je veux qu’ils sachent que la torture c’est mal et qu’on ne devrait jamais rester silencieux devant de tels actes, peu importe où l’on se trouve dans le monde. On se doit de dénoncer et de parler au nom des victimes de torture. Ça, c’est très important.

 

Devant de terribles souffrances et adversités, certains individus savent faire preuve d’une résilience, d’une débrouillardise et d’un courage remarquables. C’est le cas de Roy Samathanam. Nous espérons que son récit inspirera d’autres victimes de crimes d’atrocités qui souhaitent obtenir justice pour ce qu’ils ont subi.