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30 avril 2019

Une centaine de personnes issues de la coopération internationale, du secteur judiciaire haïtien, des organisations de la société civile et de la presse ont assisté le 26 avril au lancement du Cabinet spécialisé en litige stratégique des droits humains (CALSDH). Composé de professionnel.les du droit haïtien, ce cabinet, premier en son genre, se veut un vecteur de promotion et de défense des droits humains par le moyen du litige stratégique.

 

« Le CALSDH, n’a aucune prétention d’avoir la baguette magique capable de faire basculer la balance de la justice haïtienne au bénéfice du changement social. Nous sommes venus, en toute indépendance et autonomie, apporter notre contribution dans cette lutte ardue contre l’impunité et en faveur de l’accessibilité à la justice. »

 

Me Patrice Florvilus

 

Rescapé d’un massacre qui a eu lieu le 23 Juillet 1987 dans sa ville natale, Jean-Rabel, située dans le département du Nord’Ouest, le défenseur des droits humains réaffirme son engagement envers la défense des droits humains. « Les yeux bandés, la conscience tranquille, nous nous adonnons à cette tâche contre et envers toutes et tous sans aucun apriori relatif à la religion, à la politique, aux orientations sexuelles. »

 

La société civile, entre fierté et attentes

 

Pour avoir déjà bénéficié des services du directeur du CALSDH, Alachka Milien ne cache ni son intérêt ni sa satisfaction. Porte-parole de l’association Konbit fanm Leve, située dans Cité Soleil, un quartier pauvre de Port-au-Prince en proie à la violence après trois ans d’accalmie, il affirme que Me Florvilus « a toujours été un défenseur des droits humains convaincu qui ne marchande pas ses services. Savoir que maintenant, nous avons à notre disposition tout un cabinet nous réjouit », ajoute-t-il. « Les personnes en situation de vulnérabilité que nous desservons savent qu’elles peuvent enfin avoir accès à des services juridiques de qualité qui, en plus, sont gratuits. »

 

Assis à l’autre bout de la salle, François Frantz veut aussi donner son opinion, car pour cet autre habitant de Cité Soleil, membre fondateur de l’organisation Konbit Popilè, ce cabinet est un atout. « Nous sommes fiers de cette réalisation qui va renforcer notre lutte pour un réel accès à la justice. »

 

Le litige stratégique, « l’avenir des droits humains en Haïti »

 

La création de ce cabinet haïtien spécialisé dans le domaine représente pour plusieurs acteurs et actrices du système judiciaire « l’avenir des droits humains en Haïti ».

 

« C’est une stratégie originale à laquelle j’encourage d’autres cabinets à adhérer. La mission du CALSDH se différencie par les services offerts comme les consultations et les référencements gratuits, l’utilisation des cas emblématiques comme tremplin pour provoquer des changements, créer des précédents favorables aux droits humains et inciter le débat public et l’éducation citoyenne. »

 

Jean Robens Théagène, avocat

 

Toutefois, Me Théagène encourage les membres du cabinet à se trouver des alliés pour atteindre leurs objectifs.

 

« Ils auront à faire face à bien des défis comme lutter contre les violences faites aux femmes et toutes les embuches qui l’accompagnent, comme la dépendance financière des femmes, les stéréotypes, etc. Mais le plus grand défi demeure la lutte contre l’impunité et la corruption. »

 

Le litige stratégique, outil de travail privilégié d’Avocats sans frontières Canada (ASFC) a été introduit en Haïti par l’entremise du projet Accès à la justice et lutte contre l’impunité en Haïti (AJULIH), appuyé par Affaires Mondiales Canada.

 

« L’adoption de cet outil par plusieurs pays dans lesquels ASFC intervient, comme la Colombie ou le Guatemala, a permis la mise en place d’un cabinet engagé et pérenne. Nous espérons qu’il en sera de même pour le CALSDH. »

 

Me Appolinaire Fotso, chef de mission d’ASFC en Haïti