• Communiqués de presse

2 février 2022

Avocats sans frontières Canada (ASFC) exprime sa profonde inquiétude face aux graves menaces qui compromettent l’intégrité physique et la vie des magistrats de la Juridiction spéciale pour la paix en Colombie (JEP), des comparants devant cette juridiction – dans le cas de Benito Osorio et de ses avocats, de Rodrigo Londoño et de l’ancien chef paramilitaire Salvatore Mancuso-, ainsi que de certains dirigeants politiques déclarés « objectifs militaires » par le groupe autoproclamé Águilas Negras (Aigles noirs).

 

Dénoncées le 26 janvier, les menaces des Águilas Negras ont été proférées après le témoignage de Benito Osorio devant le JEP, confirmant les liens entre les groupes paramilitaires et le secteur de l’élevage, la classe politique du département de Córdoba et d’anciens militaires. Osorio était un dirigeant politique et patronal de Córdoba. En 2008, il a occupé pendant quelques jours, suite à sa nomination par le président de l’époque, le poste de gouverneur par intérim de ce département avant de démissionner en raison de ses liens avec les paramilitaires.

 

ASFC réitère son respect pour la souveraineté de la Colombie, souligne les efforts et les engagements de ses institutions prévus par la législation nationale et internationale et par l’accord de coopération signé entre le gouvernement colombien et le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

 

Dans ce contexte, ASFC a envoyé une lettre au magistrat présidant le JEP et au procureur général de Colombie avec les recommandations suivantes :

– Engager les enquêtes appropriées pour les menaces mentionnées ci-haut.

– Mettre en œuvre des actions de coordination institutionnelle afin d’enquêter sur les allégations de liens entre les personnes appartenant aux cercles du pouvoir politique, économique et militaire et le paramilitarisme.

– Adopter toutes les mesures nécessaires, appropriées et opportunes pour sauvegarder la vie et l’intégrité des personnes menacées.

 

Une copie de la lettre a également été envoyée au Bureau du Procureur de la CPI, qui a été invité à suivre la situation dans le cadre des engagements énoncés dans l’accord de coopération, afin de garantir leur réalisation effective. La mise en œuvre complète des engagements, y compris la garantie « de la protection et de la sécurité du personnel judiciaire et des procureurs, ainsi que des participants comparaissant devant les différents mécanismes de responsabilité », témoignerait de la pleine volonté et la capacité de l’État colombien à administrer une véritable justice pour les crimes relevant de la compétence de la CPI.

 

ASFC suivra l’évolution de ce dossier et réitère sa volonté de jouer un rôle de liaison entre les institutions nationales et la société civile colombienne, qui réclame justice et paix.