Eva Chabot (à droite) en compagnie de Donaldo Velasquez, conseiller juridique, au bureau d'Avocats sans frontières Canada au Honduras.
Dans le cadre des missions exercées en tant que conseillère juridique volontaire au Honduras, travailler pour le projet FinTrata (Développement des capacités de lutte contre la traite des personnes dans le nord de l’Amérique Centrale et de la Colombie), a été l’occasion de comprendre non seulement les causes de cette réalité mais également ses conséquences et ce, notamment grâce à l’appui du Gouvernement canadien.
Partie au Protocole de Palerme depuis le 1er avril 2008, l’Etat du Honduras prévoit dans son ordre juridique interne la Loi de lutte contre la traite des personnes. L’État a également mis en place de nombreuses institutions essentielles pour la lutte contre la traite des personnes dont la Commission interinstitutionnelle contre l’exploitation commerciale et la traite des personnes et l’Equipe de réponse immédiate spécialisée dans la traite des personnes. Cependant, malgré l’ensemble des mesures en vigueur, l’Etat du Honduras peine à endiguer les activités de traite des personnes, qui depuis des années, se sont répandues comme un fléau dans le pays (CICESCT, Informe Nacional de Acciones 2023, p.4).
En tant que conseillère juridique volontaire, il m’a été permis d’analyser la nécessité de renforcer les capacités des acteurs étatiques et de la société civile dans la lutte contre la traite des personnes et dans l’accès à la justice des victimes de traite des personnes et de délits connexes au Honduras. Alors que les conséquences sur la vie des victimes de traite des personnes sont des plus graves, la réponse étatique reste insuffisante lorsqu’est présentée une plainte. Après l’analyse de nombreuses affaires qui étaient toujours en attente de la présentation d’une requête par le Ministère Public, certaines depuis plusieurs années (nécessaire pour l’ouverture de l’action pénale), j’ai été bouleversée de constater l’abandon presque systématique de l’enquête par les autorités, en dépit de la gravité et de la similarité des faits entre de nombreuses affaires; par exemple les cas d’exploitation sexuelle de jeunes filles souvent issues d’une famille marginalisée, vivant dans des conditions de pauvreté ou d’extrême pauvreté.
Eva Chabot (à droite) en compagnie de Donaldo Velasquez, conseiller juridique, au bureau d’Avocats sans frontières Canada au Honduras.
Face à la traite des personnes, qu’elle qu’en soit la modalité ou la finalité, j’ai constaté l’absence d’investigation diligente, de mise en cause des responsables, de procès et de réparation des victimes. Ce sont toutes des irrégularités obstruant l’accès à la justice des victimes et qui révèlent un manquement structurel du système de justice pénale hondurien.
En réponse aux défaillances étatiques dans la garantie de l’accès à la justice des victimes de la traite des personnes, Avocats Sans Frontières Canada accompagne et conseille ses organisations partenaires dans l’élaboration de stratégies contentieuses destinées à l’obtention d’une réponse globale et structurelle bénéficiant à l’ensemble du système de lutte contre la traite des personnes au Honduras et à ses victimes et survivant.e.s.
À la fois très inquiète face à l’ampleur de la traite des personnes au Honduras et de la réponse étatique inadéquate, travailler comme conseillère juridique volontaire a été pour moi un véritable privilège pour rencontrer et collaborer avec les personnes actrices principales de la société civile, qui font de l’accompagnement des victimes et survivant.e.s, la défense de leurs droits et la réparation intégrale des dommages subis, une priorité aux côtés d’Avocats Sans Frontière Canada.
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